mercredi 27 juin 2012

Le Cerro Rico ou comment j'ai réduit mon espérance de vie

Enfin, une réduction que je ne sais pas estimer. Si on part du principe qu'un mineur commence à travailler dans cette mine à 12 ans et que son espérance de vie n'excède pas les 43 ans. Et sachant que j'y ai passé deux heures...L'énoncé est exposé, je laisse les matheux le solutionner.

Faut voir aussi les conditions. Le Cerro Rico, c'est la montagne qui borde Potosi et qui a fait Potosi. Une montagne riche de différents minéraux, or, argent, étain... à tel point que la ville de Potosi fut jadis aussi importante et forte que Londres et Paris et pendant longtemps la monnaie y était frappée.

Alors forcément, aujourd'hui, c'est un gruyère qui continue à être explorer de toutes parts pour ne plus sortir grand-chose. Beaucoup de cerveaux laminés en tous cas. Huit millions sont passés par là et ne sont plus. C'est la « Montagne qui mange l'homme ». Et cela se fait à coups d'éboulements suite aux explosions des dynamites mais aussi sont en cause les accidents domestiques. De l'accident de chariot, à la chute vertigineuse. Mais c'est surtout la silencieuse qui se fait la faucheuse. La silicose, cette maladie qui bouffe les poumons à les rendre deux fois plus vieux lorsque vous avez trente-cinq ans. Mais pour ne pas trop penser à cette labeur physique qui peut durer jusqu'à 48h d'affilée, le mineur s'abreuve d'alcool à 96° (oui oui, 96°) et se nourrit de coca. Alors forcément dans un pareil état, il n'y a plus trop de place pour le travail de l'esprit.

Heureusement, il y a Tio, le dieu de la mine qui effraye plus qu'autre chose mais qui peut être bon lorsqu'il accorde de trouver une veine de minerais. Cette bonté bien entendue, dépend de l'offrande qui lui ai faite. Lui aussi a droit a ses feuilles de coca, ses bouteilles d'alcool et son sang de lama. Un lama qui est sacrifié à l'entrée de la mine et dont le sang sera jeté sur la paroi les premiers et derniers vendredis du mois. Le sang de lama, encore une chose à laquelle il faut s'habituer ne serait ce que pour l'odeur. Pas sûr que ce soit évident pour un gamin de même pas quinze ans.

Parce qu'il est ainsi, au départ, les conquistadors ont forcés les indigènes à travailler dans la mine puis ce fût au tour des esclaves noirs et maintenant, ce sont souvent les familles les plus pauvres qui y « gagnent » leur vie et y résident pour mieux surveiller les maigres butins qui seront revendus à des coopératives ensuite. Une famille monoparentale sans père et avec deux garçons de 12 et 14 ans rentre idéalement dans cette cible. Seule la petite cadette a le droit a une enfance de jouets en plastiques plutôt que de jouets faits de nitroglycérine.

Donc oui, j'ai fait bien attention de ne pas toucher les murs des tunnels irréguliers couverts d'amiante et je me suis baladé avec mon tee-shirt sur la bouche et les muqueuses. Du moins, lorsque cela était possible dans ma progression à dos courbé...

Encore un bon exemple d'une Bolivie richement pillée par les pays acheteurs...























2 commentaires:

  1. Salut Alex,
    Souvenir de cette journée du 05/06/12 dans les mines de Potosi suivi d'un bon déjeuner en face de la Casa de la Monedad ;-) J'espère que tout va bien pour toi ! Où es est-tu dans ton voyage ? Tu es toujours en Bolivie ? Bonne route à toi !
    Philippe

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  2. Hello Philippe,

    Oui, très bon souvenir ! Et d'ailleurs, le jugo de papaye au restaurant m'a valu une bonne tourista dès le soir même !
    Je suis à Cuzco actuellement où je passe mes derniers jours d'itinérance. Tu dois être en France maintenant, file moi ton mail que je te mettes dans ma liste de newsletter !
    Au plaisir
    Alex

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