lundi 30 avril 2012

Ma Panaméricaine

De la roche, des zones arides, des cactus, des cabris en semi-liberté, des crânes de bétail sur le sable, des petites stèles gardant sous leur antre des noms, photos et dates d'une personne, et au milieu de tout ça, un serpent de bitûme.

On pourrait se croire sur la Route 66 (bienque je n'y sois jamais allé), celle qui traverse les Etats Unis d'est en ouest. Que neni, il s'agit ici de la Route 5 dite la Panaméricaine qui traverse le Chili de son long, du sud au nord.

D'accord, c'est une autoroute ou la limitation de vitesse est à 100km/h dans les montées et 120km/h dans les descentes, et elles sont nombreuses ces collines à traverser. Et tant mieux d'ailleurs car elles mettent du piment à la course, trouble la visibilité de cette voie quasi-linéaire.

Le paysage y est redondant. A gauche le Pacifique à perte de vue lorsqu'il n'est pas caché par une crique ou une dune plus rare mais tellement impressionnante. A droite, les Andes, à n'en plus finir, toujours similaires, toujours différentes. Ca et là, des endroits plus verts où il s'agit de buissons et d'un maigre court d'eau. Mais en général, les accessoires de ce paysage sont plutôt épineux voir quasi désertique de flore.

De temps en temps cependant, on passe devant une maison, tantôt restaurant de routiers (on y mange bien), tantôt cabane où se vend le fromage de chèvre, tantôt une maison « on sait pas ce qu'elle fait là ».

Evidemment, au début on fait pas le fièr sur son Harley sans moteur. Peu à peu, on n'y prête plus attention, sauf à voir les croix le long de la route rappelant les événements d'un jour aux endroits mêmes. Pour moi, les bornes SOS ne m'auront servi qu'à poser mon vélo pour y soigner la chambre à air arrière. Biensûr, je vous rassure, tout cela est cautionné par les carabienieris auxquels j'ai pris le soin de laisser mon nom avant de rouler sur cette « Ruta 5 ».

Well, la Panaméricaine, du kilomètre 64 au kilomètre 284, I DID IT !







J'irais dormir chez vous.

Los Vilos. C'est là ville que je m'étais fixé pour y passer la nuit. Bon, les premiers signes de crevaison de ma girafe se faisaient sentir et ceux de mon corps aussi. Je venais de passer Pidichangui et il me restait une vingtaine de bornes. Il y avait sur le bord de la chaussée, cette exposition de peau de cabris, moutons et vaches prêtent a recouvrir le sol d'un riche salon chilien. Je sais pas ce qui s'est passé mais mon sixième sens m'a dit « arrête-toi là ».

Je l'ai donc écouté, ai fait une emplête souvenir et ai commencé à discuter un peu avec mes trois mots d'espagnol à Yolandia qui était l'artisan de cet atelier.

Assez rapidement, elle me proposa de diner avec elle. Refuser n'aurait pas été une bonne idée. Quand on vous offre, on ne peut pas se permettre d'être de mauvaise éducation. Un plat local, à base de bœuf baignant dans une sauce piquante pleine de pommes de terres, vrais petits-pois, carottes...et précédé d'une prière m'étant destinée, remerciant le seigneur de m'avoir amené là comme une compagnie d'un soir et l'implorant de veiller sur moi pendant mon trajet.
Très bon ce repas, « je découvre ta culture et je t'explique la mienne ».

Et rapidement, la suite logique, un lit m'est proposé dans la maison de ses parents absents adossés à la sienne. Mes vingt kilomètres attendront le lendemain, au moins ils seront faits après une bonne nuit de sommeil et un mug de thé au matin.

Yolandia dite Yoli, vit dans sa petite maison où le seul chauffage est un poil à bois économique. Où le salon est rempli d'une table à manger pour quatres personnes dont une seule chaise est utilisée quotidiennement. Une affiche « LU – Lefebvre Utile » dont elle était contente de découvrir la signification sur le mur à coté de vieux cadres. Dans la continuité du salon, sur la droite son atelier de 3m² où elle remplit ses journées du lundi au dimanche et de 8h00 à 21h00. A gauche, la cuisine âgée mais n'est ce pas dans les vieilles cocottes qu'on fait les meilleures soupes ? Et enfin, la salle de bains aussi grande que l'atelier excluant baignoire et autres superficialités.
Ses petits bonheurs :
  • chercher la traduction d'un mot espagnol en allemand, français, italien ou anglais dans son dictionnaire vallant son poids
  • traverser l'autoroute et monter sur la dune de l'autre côté et y admirer le coucher de soleil
  • allumer son téléphone portable et écouter en haut-parleur des chansons de prière tout en découpant, cousant sa matière première
  • aller sur l'Ile de Pâques (déjà cinq fois) et ça n'est pas permis à tous les chiliens.
« Muchas gracias y que vaya bien ». Des rencontres comme celle-là, je veux bien en faire une série. Et la prochaine fois, je sortirais la caméra … ou pas.






J'ai entendu du bruit et j'y suis entré...

Je revenais du marché aux puces de Valaparaiso (je crois que je chinerais toute ma vie...) et me dirigeais vers le Cerro Allegro pour m'acheter des souvenirs de la ville profitant de cette dernière après-midi. Sur ma route un immeuble avec au milieu de sa façade l'entrée d'une galerie.

Y en sortait de la musique traditionnelle chilienne alors il ne fallu qu'un quart de seconde pour que mon cerveau ordonne à mes pieds de battre à tribord. Encore une découverte immédiate, imminente, non planifiée, géniale.

Je suis en fait tombé sur un théâtre de la ville qu'une association de Cueca a l'habitude de louer. Et c'était le grand jour. Celui du concours régional du meilleur couple de cette danse folklorique traditionnelle chilienne. Qui dit folklore dit protocole, costumes de scène et apparat.

J'ai de suite adoré ce spectacle (qui coutait moins d'un euro) du fait du déroulement de la danse.
L'homme vise la senorita, s'en rapproche et lui colle trois mots à l'oreille, le temps d'un cercle sur la scène. Elle, séduite par le sourire impeccable sort son mouchoir blanc de derrière sa robe et l'agite en l'air tout en applaudissant l'homme chapeauté. Lui en fait de même et sort également son étoffe qu'il agite bientôt. S'en suit alors un duel complice de jeux de jambes. Mi grâce, mi claquettes. Puis la pression retombe et l'homme repart dans un discours séducteur. La fille se refait prendre au piège et démarre une nouvelle démonstration jambières. Les torses, têtes, bras et sourires restent figés tout en se déplaçant dans l'espace. L'impression de la séduction par la maîtrise.
L'effort mérite une petite coupe, ou plutôt une corne de Pisco peut-être invoqué par la tradition ?
Et le jeu des tourtereaux repart de plus belle. Les claquements des talons masculins sont de plus en plus rapides et forts. Les corps sont de plus en plus près à tel point que la femme disparaît à certains moments sous la cape maniée à la perfection de l'homme. Une dernière séparation en demi-cercles ramène les deux acteurs au même point de la scène, prêt pour une embrassade qui ne se fera pas, par pudeur ou trop de romantisme sans-doute.

C'est beau, c'est humain, c'est l'homme et la femme, j'adhère. Un régal de voir ces dix couples. J'aurais fait un juri subjectif...

Et comme si ça ne suffisait pas, en prime j'ai eu le droit à la démonstration de la danse Mapuche ainsi que celle des bassins des polynésiennes de l'île de Pâques qui est peut-être la seule chose que j'ai loupé là-bas.

Les choses sont parfois bien faites et la curiosité n'est pas qu'un vilain défaut.









jeudi 19 avril 2012

La Terre qui tremble et c'est mes jambes qui se flagellent...

17 Avril 2012 00h51, Santiago. Tremblement de terre de 6,5 sur l'échelle de Richter. Epicentre situé à 48km au Nord-Nord-Est de Valparaiso, soit à environ 130km de Santiago à vol d'oiseau.

Pourtant, j'ai pas mal pris l'avion ces dernières deux semaines. Entre un aller Paris Roissy – Santiago du Chili à 20h de vol et un aller retour sur l'île de Pâques à 5h de vol en moyenne, ça nous fait un total avoisinant les 30h. Alors forcément, des turbulences, il y en a eu. Jamais de très forte à vous faire soulever le cœur, mais quand-même, assez importantes pour entendre les plastiques de l'habillage intérieur grincer. Assez aussi pour entendre les ailes de l'appareil se tordre dans les trous d'air. Mais bon, en l'air que peut il bien vous arriver ? Ce n'est pas une turbulence qui va faire piquer au sol le nez de la carlingue.

A vrai dire, je dormais depuis peu et je n'ai pas bien compris au début. J'ai d'abord cru à un gros camion qui passait à coté de la maison, vous savez celui qui fait un peu vibrer les fenêtres. Ensuite, je me croyais dans l'avion comme expliqué précédemment, vu que mon corps commençait un peu à être chaviré dans le lit de gauche à droite. Mais c'est là que je me suis rendu compte que j'étais justement allongé et que c'était quelque-chose d'autre. D'un coup d'un seul, j'ai déguerpi du lit pour me mettre sous le montant de la porte de ma chambre. Et là, j'ai réalisé que ce n'était pas un jeu d'un parc d'attraction. Même si je ne crois pas avoir vu de cadres bouger, que mon vélo est resté droit dans la cour de la maison sur sa béquille, ça fait tout de même un drôle d'effet d'entendre la charpente en bois craqué d'un sens puis de l'autre, de sentir le sol instable sous ses pieds. Jordi était à quelques mêtres de moi, tenant l'écran LCD pour éviter qu'il ne tombe. Ca passe très vite mais c'est très long. Il n'y a surtout rien à faire, juste à espérer que la secousse ne va pas encore s'accentuer.

Ca a duré 50 secondes je dirais. Et c'est seulement après que je n'ai plus maitrîsé mon corps. Dans mon esprit, tout était clair, c'est arrivé, ça a eu lieu, c'est fini. Par contre, mes jambes se sont mises à trembler de plus en plus fortement entraînant parfois mon torse. Impossible qu'elles s'arrêtent alors que ma tête le leur disait. Il aura fallu quelques grands coups de respiration pour que le calme complet ne revienne. Perturbant de voir ses membres vous désobéïr.

Rodrigo est venu très rapidement me voir car il sait que « often, tourists become crazy with such an earthquake ». Lui était assez détendu car accoutumé. C'est là que nous sommes descendus dans la chambre de son père où le moment des caractéristiques du séisme étaient attendus comme le prochain 22 avril 2012 en France à 20h00...

Notes à moi-même :

PS 1 : se rappeler que 4 heures auparavant en préparant mon vélo ; j'avais pensé à « et s'il y avait un tremblement de terre demain »...

PS 2 : se rappeler que pendant ma randonnée de nuit sur l'ïle de Pâques, ma seule crainte était de voir déambuler une vague hors normes.

PS 3 : Lors du grand tremblement de terre de Conception en 2010, j'étais en face en Nouvelle Zélande où les plages ont été barrés pour risque de tsunami. Le Chili m'en veut ?

L'île de Pâques mon sentiment général

...et en une phrase ...

L'île de Pâques ressemble à un grand parc d'attraction où tous les décors ne sont pas faits de polystirène peints et découpés mais, de vrais élements naturels, pierre, roche, volcans, d'éléments qui donnent à penser que cet endroit n'est pas réservé à n'importe qui, qu'il faut le mériter, que parcourir l'île en voiture n'est que calomnie au détriment des coulées de lave par les volcans jadis formées sans but de se faire fouler par des obèses starlettes américaines dont l'admiration va à la plage d'Anakena qui est plus encline à accueillir les tortues du pacifique que des baleines aux poches remplies de billets verts qui ne se reflètent pas sur les couleurs toujours changeantes des reliefs et pierres taillées étant les témoins d'une culture mystique et mystérieuse, fascinante et fascinée.

...bon d'accord, elle était longue !

Rapa Nui - Eastern Island - Ile de Pâques


Le pas de trop

C'est un secret pour personne, dans mon organisation, je sais être assez « dernière minute ». Mais vous voyez, ça a parfois du bon. En fait, je voulais clairement aller à Pâques mais je n'avais pas forcément pris le temps de regarder des photos sur le net avant d'y aller. Alors du coup, je n'ai eu que des bonnes surprises sur ce que j'ai vu. C'est peut-être aussi pour ça que je restais longtemps sur les sites que j'ai visité, bien plus longtemps que la moyenne.

Mais ici, il s'agissait de ma première vraie rando. Certes pas très longue mais voilà, ça montait et à un moment, j'ai fait un pas de trop. Celui qui a glissé mes yeux dans le cratère du volcan Rano Kau. Et alors là ! J'ai eu la même réaction que lorsque Jean Dujardin a reçu son Oscar, le même mot que lui « P..... ! » (pour la référence, c'est que j'aime bien cet acteur et surtout que j'ai réellement pensé à ça, c'était encore frais).

En fait, à cet instant, j'ai vraiment compris pourquoi j'étais venu là, à 15000km de la France. Je n'avais pas encore vu de Moais et j'étais déjà pourtant satisfait de la rentabilité de mon voyage.

C'est dire aussi, un cratère de 1,6km de diamètre posé directement sur la mer à tel point qu'une partie s'y effondre au fil du temps et composé en son milieu d'un lac naturel de 11 mètres de profondeur servant de réserve naturelle des variétés endémiques de l'île.

Je pense que j'ai du resté près de 2heures sur sa crète à contempler les changements de couleurs rythmés par les passages de nuages. Camaïeus de bleu, de vert, de jaune. Comme un enfant qui se fait dessus en voyant ce cadeau offert. Comme les anciennes boîtes à films des petits, avec l'image de fond qui se déplace en boucle de gauche à droite sans s'en lasser...

Ma mémoire me dit que c'est le plus beau paysage de la nature que j'ai pour l'instant vu dans ma vie.

Volcan Rano Kau






L'usine à Moais

Et bien en fait, je ne suis plus certain que ce soit Henry Ford qui a inventé le travail à la chaîne au début du 20e siècle. Non, je crois plus que ce sont les polynésiens et leur acharnement paysagiste.

Ce qu'il faut savoir, c'est que tous les Moais de l'ïle de Pâques ont été fabriqués à un seul et même endroit sur l'île. Cette manufacture à Moais se trouve sur le versant est du volcan Ranu Raraku. Et quand on voit à quelles distances de là se trouvent certains Moas, on se dit qu'ils devaient être gentillement fous dans leur passion.

En fait, on pourrait très bien avoir le sentiment que les polynésiens se soient dits un jour : « tiens, on va faire des Moas parcequ'on sait pas quoi faire, alors on va faire des statues». Bon, outre l'aspect esthétique qui s'explique par différentes modes (de formes carrés au départ a des formes plus coniques par la suite en passant par des formes arrondies), le Moai est avant tout une reconnaissance à l'ancètre. Et le fait qu'il soit dos à la mer est ainsi car l'ahu (comprenez la base qui sert d'autel aux Moais) protège le village de l'extérieur.

Il y avait également plusieurs tribus sur l'île, qui au fur et à mesure se sont lancées dans une certaine guerre froide, d'où les dimensions de plus en plus surhumaines des statues. Pas loin de 900 Moias ont été comptés sur les 162km² de superficie de Rapa Nui. Fou aussi de savoir que toutes les coiffes des Moas étaient fabriquées dans un autre cratère à une dizaine de kilomètres de là.

Alors quand on confronte ces chiffres, c'est cela qui donne le sentiment d'une activité assez folle où chaque homme avait son métier. Les plus réputés étant les artistes, ceux qui taillaient la pierre à leur donner leur aspect mystique et recherché. Il devait donc aussi y avoir des chefs de projets pour faire correspondre les deux avances de chantiers. Sans parler des ingénieurs qui imaginaient les techniques de découpes dans le volcan, des extirpations des Moais et de leur transport. Transport réalisé par des petites mains quoique certainement très musclées...

Cela devait être une vraie fourmilière et c'est assez dingue de voir que toutes les traces de cette vie résistent au temps. Tout a été arrété à l'époque subitement pour cause de guerres de clans et les Moais non encore en place sont restés : soit prêts à être acheminés, soit sont tombés en cours d'acheminement, soit étaient déjà installés et renversés par le clan adverse. Comment un tel engouement a t il pu être abandonné ?

Rano Raraku, l'usine à Moais


Moai en cours de fabrication
Moai fini et prêt à être transporté
Exemple de Moai renversé avec sa coiffe en premier plan
L'évolution du Moai


samedi 14 avril 2012

L'île de Pâques en images...

Il me reste 2 ou 3 billets que je dois encore rédiger sur Rapa Nui (nom originel de l'Ile de Pâques), mais d'ores et déjà, les photos sont dispos :)


C'est par ici que ça se passe !!!

jeudi 12 avril 2012

La mer, c'est dégeulasse, les poissons baisent dedans

C'est vrai que c'était pas génial...

J'étais dans cette eau chaude ; oui, j'étais corps entier dedans au bout de 15 secondes, et oui, je ne suis pas habitué aux plages du pacifique...
J'étais dans cette eau très salée, disais-je ; tant qu'il m'était impossible de ne pas faire la planche. Je pense d'ailleurs à ce propos que la seule fois où j'ai eu autant de difficultés à faire cette figure aquatico-synchronisée (ouais, ça existe pas mais tout le monde comprend hein …), c'était dans une piscine de 20m², brassards de gamins à chaque membres (le Beaucet remember:) ).
Je vais la finir cette phrase !
Donc, j'étais debout et ...je ne voyais même pas mes pieds !
Non mais de qui se moque t'on ?

Bon non, en fait je vous rassure, c'étais juste à cause du pseudo nuage qui passait au-dessus...

Et que nous soyons d'accord, je ne vous nargue pas ! en France, vous dormiez pendant que mes doigts se transformaient en doigts de vieux:)
(7 heures de décalage, à l'heure à laquelle j'écris ceci, il est 6h à Paris et 23h la veille ici.)



Il ne manquait que toi...

Le soleil a rendez-vous avec la lune

Il y a une chose qu'il est recommandé de faire sur lïle de Pâques. C'est de se retrouver au lever de soleil devant les 15 Moais du site Tongariki. L'effet est garanti. Moas à contre jour, couleur de feu du soleil qui commence à s'éparpiller dans le ciel lointain alors que la lune finit d'éclairer le champ où se trouvent les statues. Mais bon, pour cette description, une photo vaut mieux qu'un récit.

Non, ce sur quoi je veux axer ce billet, c'est la méthode employée pour être à l'heure au point de rendez-vous. Et c'est important, car il se trouve à 18km de tous les lieux d'hébergements. Avec Ruy, (un français rencontré là-bas), nous avons étudié la question et sommes arrivés à la conclusion de s'y rendre à pieds, plus par envie d'ailleurs. Nous sommes donc partis à minuit trente du village pour 5h30 de marche.

Lui aime bien le terme « surréaliste » et je le rejoins ici. Imaginez :

- Une nuit claire car éclairée par la pleine lune.

- Une météo clémente obligeant par moments de ne garder que le tee-shirt et ranger le gilet dans le sac-à-dos

- Une route inconnue que nous découvrions le long de notre avancement.

- La mer balançant ses cris sur les rochers à droite

- Les volcans présents sur la gauche comme des cratères lunaires

- Les chevaux et vaches pour seuls animaux sauvages déboulant devant nous sur la route.

Ajoutez à cela une atmosphère tintée de gris et juste quelques étoiles filantes pour égayer le tout et vous obtiendrez le tableau.

Vraiment géniale cette rando de nuit. Et génial également de refaire le chemin inverse le lendemain et de se rendre compte de ses erreurs d'orientation.

Surtout, le moment le plus attendu, lorsque tout d'un coup, des ombres dans la nuit surgissent, dressées droites debout. 15 blocs de pierre taillés dominateurs. Effet garanti.

Et pour la petite histoire, notre marche a été dévoilée à une polynésienne de souche qui a été émue de cette nouvelle. Preuve que nous avons bien fait de ne pas louer les services d'un taxi comme les 40 autres lampes torches qui nous ont rejoint de 6h à 8h durant notre sommeil, pour finir la nuit à la belle étoile...

Difficile de flasher pendant la nuit

La première photo à 8h14

Moais et Moi
Merci la lune (vue sur le volcan Rano Raraku - usine à Moais)

Moai quoi ?

Alors, c'est ça le secret de l'Ile de Pâques, c'est ça ce qu'il faut voir ici ?!

Soyons terre à terre, ce n'est qu'un bout de pierre... Oui mais n'empêche, un bout de pierre qui a été sculpté il y a quelques centaines d'années. Un truc qui te regarde et dont le sommet de ton crâne n'arrive même pas à ses chevilles.

Donc forcément, tu te sens tout petit. Tu lui demandes « pourquoi t'es là », « pourquoi tournes tu le dos à la mer plutôt que de la contempler ». Il te répond qu'il est là et que c'est comme ça, et n'en rajoute pas plus pour que son mystère reste préservé. Il t'explique qu'il tourne le dos car il est au-dessus des éléments et se remet dans sa position fixe. T'as l'air bête mais bon , y'a rien à faire.

Enfin, celui là, le premier que j'ai vu n'est pourtant pas le plus beau. Les claques sont successives et énormes mais toujours différentes, du fait des positionnements et des statues qui ont chacunes leur particularités aux endroits où elles se trouvent.

Mes premiers Moas se trouvent à quelques centaines de mètres du village. Un groupe de 5 et 3 seuls séparés de quelques dizaines de mètres. Mais la première grosse claque, c'est ce groupe de 7. 7 comme les 7 hommes envoyés en expédition sur l'île pour mieux la connaître. Ceux la sont les seuls à se tourner vers la mer mais également à être autant reculés dans les terres. Grosse impression. La claque suivante (je n'évoque pas les petites claques prises entre deux...), c'est le site qui est sur toutes les cartes postales. Un site assez enivrant. Ils sont 15 cette fois, vagues collées au dos. Ils parraissent encore plus grands. C'est certainement lié au recul qui est également plus important. N'empèche que sur ce groupe, c'est la largeur du monument qui laisse pantois. Tous rentrent difficilement dans le champ de vision, à moins d'être à quelques dizaines de mètres de cette famille dont un membre est encore allongé devant les autres.

Hormis le site de la plage d'Arakena où d'autres Moas sont encore debouts, il y en a beaucoup, ou plutôt, il y en avait beaucoup d'autres. Que ce soit par les tremblements de terre, tsunami ou conflits tribaux, un certains nombre de Moas sont encore visible mais à terre. Pourtant, même dans ces pauvres postures, les sensations de grandiose perdurent. Et c'est apparemment pas près de changer...






dimanche 8 avril 2012

A Mihiona le soir, un bon après-journée...

Alors pour le contexte, Mihiona, ouvert même en hiver, c'est le seul camping de l'île de Pâques. A 5 minutes en voiture de l'aéroport. Bon, pas de panique hein...il fait 20-25° toute l'année ici et il n'y a qu'un avion qui passe deux fois dans la journée.

Nan, mais en fait, Mihiona, c'est surtout les voix de Martha et Roger. Des voix d'îles, des voix qui font réver. Vous savez, celles avec l'accent, le rythme paisible et qui vous bercent à coups de noms de « Papeete », « Bora Bora », d'océans, de voyages, de vie d'avant, de vie d'ici, de maintenant...

Le mieux est de s'assoir pas loin d'eux (contre le mur de la réception, en avril peu avant 20h). De cette façon, le cocktail ne sera que meilleur. La mer (celle de l'article précédent) en bruit de fond. Une étoile en visu, une seconde dans la foulée. La luminosité qui s'abaisse fera disparaître bientôt l'oranger du soleil couchant pour le gris des nuages éclairés par la lune. Qui berce je vous dit...Me manque le petit verre de rouge qui n'est pas sur ma table mais sur la leur...

N'empêche, très intéressante cette écoute à leur porte. C'est de l'information gratuite sur la politique et l'économie de l'île, ses avantages et ses inconvénients. Quand on pense que les murs des quelques maisons ici font assez « récupération » et qu'à coté de ça un loueur de voiture détiens à lui seul 500 autos sur ce petit périmètre...

Ca s'appelle comment déjà ? « Dépaysement ». Une signification qui ne dois pas être là même pour tous... Merci le billet vert...ou pas. Merci le Mihiona en tous cas...



Un rouleau, deux rouleaux, trois rouleaux, quatre rouleaux...

J'adore cette mathématique infinie et encore plus ici. Prendre le temps et se poser devant l'essoufflement des ondulations de la mer sur la côte.

Ai-je vraiment besoin de repréciser que l'Ile de Pâques, c'est le territoire insulaire le plus éloigné au monde. Une marre dans l'océan pacifique, un triangle aux cotés de 17 à 24km de long. Alors forcément, peut importe l'endroit vers lequel on regarde sur cette île, on la voit, au pire on la sent, par défaut on la sait poussante dans notre dos.

Un amusement pour elle que de dévorer cette terre, coulées de lave datant de plusieurs millénaires.

Un amusement pour moi de la voir s'éclater sur la roche. Comme une envie de bien faire, ou d'impressionner sa proie avant de mieux lui tordre le cou. Comprenez par là des rouleaux d'une eau déjà plus qu'essorée glissant sur des dizaines de mêtres pour finir en fracas.

On pourrait rester là des heures, la scène n'est jamais la même, la lumière aidant. Une question pourtant toute bête me vient à l'esprit : existe t il une probabilité pour que deux vagues éclatent exactement de la même manière à la goutte près sur ne serait-ce qu'un rocher ?

Well !! Llaissez moi contempler. Peut-être alors, je saurais...





L'Homme chilien ou l'accolade maîtrisée

Il y'a un truc qui m'a surpris ici. Un truc qu'on fait en France mais assez rarement ; c'est cette accolade. Celle où on te prends la main et on bascule son torse vers toi pour mieux t'offrir la tape dans le dos. Pas sur l'épaule. Dans le dos.

Et je ne pense pas que le chilien ai la gachette facile.

Une gesticulation qui se ressent comme « Mec, on se connait pas mais c'était une discussion cool, j'ai passé un bon moment avec toi ».

J'ai vendu quelques une de mes collections ces derniers mois, je peux bien en commencer une autre ! :-)