jeudi 19 avril 2012

La Terre qui tremble et c'est mes jambes qui se flagellent...

17 Avril 2012 00h51, Santiago. Tremblement de terre de 6,5 sur l'échelle de Richter. Epicentre situé à 48km au Nord-Nord-Est de Valparaiso, soit à environ 130km de Santiago à vol d'oiseau.

Pourtant, j'ai pas mal pris l'avion ces dernières deux semaines. Entre un aller Paris Roissy – Santiago du Chili à 20h de vol et un aller retour sur l'île de Pâques à 5h de vol en moyenne, ça nous fait un total avoisinant les 30h. Alors forcément, des turbulences, il y en a eu. Jamais de très forte à vous faire soulever le cœur, mais quand-même, assez importantes pour entendre les plastiques de l'habillage intérieur grincer. Assez aussi pour entendre les ailes de l'appareil se tordre dans les trous d'air. Mais bon, en l'air que peut il bien vous arriver ? Ce n'est pas une turbulence qui va faire piquer au sol le nez de la carlingue.

A vrai dire, je dormais depuis peu et je n'ai pas bien compris au début. J'ai d'abord cru à un gros camion qui passait à coté de la maison, vous savez celui qui fait un peu vibrer les fenêtres. Ensuite, je me croyais dans l'avion comme expliqué précédemment, vu que mon corps commençait un peu à être chaviré dans le lit de gauche à droite. Mais c'est là que je me suis rendu compte que j'étais justement allongé et que c'était quelque-chose d'autre. D'un coup d'un seul, j'ai déguerpi du lit pour me mettre sous le montant de la porte de ma chambre. Et là, j'ai réalisé que ce n'était pas un jeu d'un parc d'attraction. Même si je ne crois pas avoir vu de cadres bouger, que mon vélo est resté droit dans la cour de la maison sur sa béquille, ça fait tout de même un drôle d'effet d'entendre la charpente en bois craqué d'un sens puis de l'autre, de sentir le sol instable sous ses pieds. Jordi était à quelques mêtres de moi, tenant l'écran LCD pour éviter qu'il ne tombe. Ca passe très vite mais c'est très long. Il n'y a surtout rien à faire, juste à espérer que la secousse ne va pas encore s'accentuer.

Ca a duré 50 secondes je dirais. Et c'est seulement après que je n'ai plus maitrîsé mon corps. Dans mon esprit, tout était clair, c'est arrivé, ça a eu lieu, c'est fini. Par contre, mes jambes se sont mises à trembler de plus en plus fortement entraînant parfois mon torse. Impossible qu'elles s'arrêtent alors que ma tête le leur disait. Il aura fallu quelques grands coups de respiration pour que le calme complet ne revienne. Perturbant de voir ses membres vous désobéïr.

Rodrigo est venu très rapidement me voir car il sait que « often, tourists become crazy with such an earthquake ». Lui était assez détendu car accoutumé. C'est là que nous sommes descendus dans la chambre de son père où le moment des caractéristiques du séisme étaient attendus comme le prochain 22 avril 2012 en France à 20h00...

Notes à moi-même :

PS 1 : se rappeler que 4 heures auparavant en préparant mon vélo ; j'avais pensé à « et s'il y avait un tremblement de terre demain »...

PS 2 : se rappeler que pendant ma randonnée de nuit sur l'ïle de Pâques, ma seule crainte était de voir déambuler une vague hors normes.

PS 3 : Lors du grand tremblement de terre de Conception en 2010, j'étais en face en Nouvelle Zélande où les plages ont été barrés pour risque de tsunami. Le Chili m'en veut ?

3 commentaires:

  1. tu as un vrai pouvoir d'évocation. On s'y croirait. :)

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    1. c'est clair! on s'y croirait... mis à part les tremblements, qu'on ne risque pas de ressentir, avachis sur notre chaise à roulettes et devant notre écran...

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  2. faut ouvrir une plaque de crunch sinon :)

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