mercredi 27 juin 2012

Voyageur à vélo, définition :

...] Allé hop, c'est parti. [...] Comme d'hab, les dix premiers kilomètres de la journée sont les plus durs. Ouhouh, mes jambes ! On y va ! Encore un coup du ptit déj lait au chocolat-céréales-gâteau-jus de fruit ça. Qu'il descende ! [...] 8,2 km, encore 1000 mètres et j'y suis, la journée aura définitivement démarrée. [...] Un peu frais, j'ai bien fait de les acheter ce bonnet péruvien fait main et ces gants. [...] Ah ouais, les marres çà et là sont gelées. Pas de doute, suis dans les montagnes. Vivement 10h30 que ça se réchauffe un peu et que je passe au chapeau. [...] Mes lunettes de soleil sont toujours dégeulasse, heureusement n'empêche que l'usure est sous mon champ de vision, je leur dois une fière chandelle, mes yeux seraient cramés. [...] Ah, les premiers lamas de la journée ! [...] Mais pourquoi j'ai l'impression d'être hyper chargé ? On va regarder derrière. Ah bah d'accord un faux plat et une montée à double angle devant, sacrée illusion d'optique, tout va bien, je ne pédale pas pour rien. [...] Au moins, si ça monte, c'est que ça va redescendre ! Enfin, si ça descend, c'est que ça va remonter, c'est de la physique ça non ? Ou de la géographie ? [...] Bon, au panneau là-bas, je m'engouffre une banane et je bois. [...] « Buenos dias chicos ». [...] J'adore ce désert. J'adore suivre cette rivière. J'adore voir au loin. [...] Merci pour le klaxon d'encouragement Señor. [...] Au moins ici tu vois ta route. Il mesure combien de kilomètres ce serpent d'asphalte ? Allé disons que je l'aurais avalé dans une heure. [...] Une vie de pas grand-chose ici mais qui semble si bien rodée, besoin de quelque-chose d'autre finalement ? [...] J'ai froid. J'ai trop chaud. Ca re-caille. J'ai re-chaud. Une descente, faut que je me rhabille. [...] Déjà là ce village, ah ouais, pas si grand en fait. Bonjour messieurs, dames, je ne fais que passer. [...] Dingue, trois maisons et un terrain de foot. Dingue, encore une école au milieu de rien. [...] Un almuerzo, comment il sera celui-là ? Une soupe pates-patates-un bout de viande puis une milanesa de pollo-riz-patate et un litre de pschiiit Fanta siouplez. [...] Une photo et en route. [...] 14h34 ici, 20h34 en France, qu'elles sont les nouvelles neuves du 20h ce soir ? Que fais tout mon beau monde ? Un verre en terrasse ? Finito le repas ? Les enfants sont couchés ? En train de titiller un ballon ? Toujours autant de circulation autour de l'Arc de Triomphe à Paris ? Et moi qui ère ici. [...] Un chien ! Bon ben dans deux minutes, je vois le troupeau et dans quatre le berger. [...] Grave, c'est beau ici, cette côte chilienne, ce plateau andin, ces montagnes au loin, ce village fantôme, ce décor inconnu [...] RIP bonhomme sur le coté de cette route. [...] Encore 38km, ça va, suis dans les temps. [...] Tiens, il me regarde lui. Va pour un brin de causette gratos ! Cuanto kilometros por la proxima ciudad ? Y tu vives aqui y de que? Chica bibicleta pero buena ! Estoy no un turisto, estoy un voyageur. Trop fort, j'ai tout compris. Pas comme ce matin... [...] Clac boum, appareil photo obligatoire ici. [...] Ptain, mais qu'est-ce qu'elle fait au milieu de nulle part à marcher cette locale ? Si elle fait ça tous les jours, chapeau. [...] S'il y a un câble électrique, c'est qu'il y a un village pas loin. [...] Bon va peut-être falloir trouver un toit pour la nuit. Alojamiento, Hospedaje, où êtes-vous? [...] Tiens, bizarre cette plante. Mais c'est quoi donc ? [...] 16h40, ayé, posé, vélo déchargé. [...] Il n'est que 18h00 et maintenant il fait nuit ici. Un tour dehors, visite. [...] Tout le monde dort là-bas là-bas en Francia. Dodo dans deux ou trois heures et repos des gambettes. [...] Je veux un bisou, le marchand de sable arrive sur son vélo pliable, je le sens. [...]
C'est génial ce que je fais. C'est comme ça que je voulais le faire. Tous les cyclotouristes sont des petites étoiles sur la route, des drôles d'oiseaux. J'en suis, je vis. [...
























La coca, l'autre icône de la Bolivie

Si la première icône de la Bolivie est la même que dans tout le reste de l’Amérique latine et se nomme « Le Christ », il y a un élément plus terre à terre qui met également tout les locaux d'accord, c'est la coca.

La coca est une plante poussant en arbuste et mesurant jusqu'à un mètre cinquante selon la variété. Déjà des feuilles ont été retrouvées accompagnant certaines momies précolombiennes, c'est dire combien elle est ancrée en Bolivie. Cette feuille qui se mâche de manière à former une chique sur le côté de la bouche a plusieurs vertus bien utiles par ici. Elle aide la circulation sanguine ce qui a pour effet de mieux se mouvoir dans les altitudes à plus de 4000m. Elle permet également une endurance plus forte ce qui est favorable aux longues journées de travail. Elle sert de coupe-faim et remplace des repas, forte des vitamines qu'elle apporte. Enfin, elle piège l'esprit et influence la concentration sur moins d'éléments lors de l'action.

Cette monnaie courante se retrouve donc partout dans les campagnes boliviennes où l'on reconnaît vite les mâcheurs par leur bouche verte et leur sac en contenant. Ça fait  partie de la culture. Ça semble aussi être une nécessité pour qui vit là-haut là-haut. Cependant, cette manière de consommer la coca n'a jamais été apparentée à une drogue et effectivement, en en mâchant, on se rend compte qu’on n’est pas tout près du dérivé.

Le dérivé, c'est l'occidental qui a eu l'idée de le rependre et avec cela, de dénaturer la consommation traditionnelle. Nietzche a été le premier drogué par cocaïne de l'histoire ! Ensuite ça a suivi sous plusieurs formes. Notamment, un vin a été produit par un corse, le vin Mariani qui mélangeait le raisin à la cocaïne. Enfin la production a dû cesser en 1906 sous le coup des lois. Il n'empêche que depuis, la cocaïne est largement consommée surtout aux USA (50%) et en Europe (34%). On est bien loin de la coca paisible.

Dans un autre registre, la coca est aussi connue sous un autre nom, celui de « Coca-Cola ». En fait, le vin Mariani est l'ancêtre du Coca-Cola puisque la recette ici exclue cocaïne et alcool mais la base en est la même.

La culture de cette plante a donc de beaux jours devant elle, que ce soit pour être vendue en tonnes au géant industriel ou utilisée dans les nombreux laboratoires clandestins des forêts aux alentours de Cochabamba d'où sortent les pins de cocaïnes prêts à être expédiés.

Le sentiment prenant est que c'est désolant de voir comment un élément principal d'une culture a pu être détourné et pillé au point de devenir un énorme fléau. Pas sûr que les boliviens aient souhaité ça un jour. Quid du camembert qu'on s'injecterait dans les veines ?

NB : le détournement de la coca plus l'exploitation minière à outrance, plus la consommation exponentielle du quinoa aujourd'hui donnent vraiment le sentiment qu'une autre tradition de la Bolivie est de se faire voler.





La Paz, capitale

De ce que j'en ai entendu et de par mes premières impressions, « La Paz, c'est le bordèle ».
Et finalement à y rester et vagabonder dans ses rues, ce sentiment s'efface. Est-ce peut-être parce que je m'habitue au mode de vie ici ? A voir des kiosques ou des vendeurs de rues de partout, des avenues pas forcément propres, des bâtiments coloniaux qui tombent en ruine ou des immeubles de bureaux récents mais non finis ou inoccupés, un trafic dense et composé de pots d'échappements crachant une fumée la plus incommode possible, sans parler des klaxons qui n'arrêtent pas de retentir sous l'impatience pire que parisienne des taxi-bus...

Toujours est-il que je m'y sens bien. Non, pas non plus à y vivre indéfiniment (comme pour le reste de la Bolivie d'ailleurs) mais au moins pour quelques jours, cela me plaît.
Il y a souvent au détour d'une rue quelque-chose à voir. Mais là ou ailleurs, ce qui attirerait l'œil serait une belle façade, ici, c'est l'homme qui appelle le regard. Entre les marchés, les manifestations, les fanfares et majorettes, il y a toujours de quoi rester sur-place quelques minutes et observer. Et si jamais, il n'y a rien de tout ça, il y a toujours au pire les boliviennes et leur tenue traditionnelle.

La Paz est une cuvette présentant un dénivelé de 800 mètres avec les pauvres en haut et les riches en bas. C'est certainement le premier détail de l'organisation de la ville. On retrouve donc ici aussi des quartiers différents. Pour les citer : le quartier du marché artisanal (hôtels, agences et souvenirs pour les touristes), le quartier des ministères, le quartier des colonies (belles maisons, ambassades et ...supermarché), le barrio alemania et ses grandes villas anciennes, le quartier étudiant...Mais un de ceux que je préfère est celui du marché chinois. Appelé comme cela parce que la plupart des produits finis qui y sont vendus sont de cette origine même si le quartier est typiquement bolivien.

Chaque rue est spécialisée dans son domaine. Ici la laine, là une sorte de Leroy Merlin à portes ouvertes et composé d'une soixantaine de shops identiques. Par ici encore le marché au tissu avant d'arriver à celui des fruits engrenant le pas sur ceux de la viande et du poisson. Pour les chaussures, c'est un peu plus loin, juste à côté des articles de sports, comprenez par-là les boutiques ne vendant que des maillots de foot. A tout ce décor, il faut rajouter les boutiques de poulets frit un peu partout, certaines odeurs demandant de rester en apnée quelques secondes, les chiens errants et les rabatteurs des taxi-bus qui ne s'arrêtent jamais. Ça grouille donc dans ce souk en pente. Et le peu d'encarts publicitaires se justifie par l'abondance des étals et l'achat d'impulsion que cela provoque. Pour autant, on ne trouve pas tout ce qu'on y cherche. Pour exemple, le cycliste y est bien malheureux dans sa quête de pièces.

En fait, l'homogénéité et l'organisation de La Paz représente assez bien son pays. On a beau être dans le plus pauvre pays d'Amérique du Sud, on sent bien qu'il y a l'influence des développements voisins. Cette capitale semble être une bonne locomotive pour le reste de la nation qui n'est pas prête à tirer un trait sur sa culture et ses traditions mais cherche plutôt la bonne cohabitation.

Voir une bolivienne en habit traditionnel avec le chapeau haut de forme interviewée au journal télévisé par un journaliste en costume est un décalage tout à fait normal.